L'enseignement du CFJ.

"Les petits soldats du journalisme"

François Ruffin

Editions Les Arênes

Paris 2003

LIENS.

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« Deux mille journalistes, en tout, sont issus du Centre entre 1947 et 2002. Deux petits milliers, à peine. Une goutte d'eau dans l'océan des 32758 titulaires d'une carte de presse. » (page 13) Mais la liste des anciens qui sont parvenu aux plus hautes fonctions, aux postes les plus prestigieux, est impressionnante (même page). Seulement, pour se lancer avec autant de succès dans la carrière, ils ont dû subir une mise au point, un rodage, un peu particulier…

Tout ce livre en est fait. En gros, cela se résume à cela : faire vite, pas trop bien, mais vite ; ne pas critiquer, lisser ; amuser le lecteur, éviter les sujets qui fâchent, faire son gras des détails plaisants ; ne pas étaler sa science, même si cela peut se révéler utile ; pas de longues phrases, des mots simples, tout le monde doit comprendre ; ne pas trop perdre de temps à vérifier ses sources : le temps c'est de l'argent ; rester dans la ligne de sa rédaction ; être à l'écoute de son milieu ; parler des mêmes sujets que la concurrence.

Bref, comment être rentable dans le sein d'organes de presse soumis à une concurrence acharnée et dépendants de grands sponsors. Pas gai. La lecture de cet ouvrage donne un sacré coup au prestige de la profession…

Cette école est française. Elle a formé une part notable des nouveaux journalistes opérant dans les médias traditionnels (radio, télévision. journaux). Dans le même temps, ces grands organes de presse, ou se montraient incapables de se dégager de l'emprise de l'Etat, ou tombaient sous la coupe de puissance d'argent. Les enquêtes menées dans l'opinion, depuis la date de publication de cet ouvrage expose à la lumière un fait nouveau: la perte de confiance du public envers les médias traditionnels. En parallèle, la corporation des journalistes perdait de sa réputation et chutait au plus bas dans l'estime des Français. Que faut-il en déduire? Au moins que la crise des "Gilets Jaunes", cette révolte de la classe moyenne contre l'impéritie de l'Etat, était annoncée par augures.

(M. X.Villan)