L'avenir politique de l'Irak

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Un avenir à la libanaise pour l'Irak ?
On se pose bien des questions sur l'avenir de l'Irak. Le régime qui succédera au régime d'occupation anglo-américain sera t'il d'obédience chiite au point de donner naissance, progressivement à une nouvelle République islamique ? Les réseaux du parti baath parviendront-ils à recréer une dictature nationaliste dans tout ou partie du pays ?  Les régions kurdes feront-elles sécession du reste de l'Irak?  Une anarchie meurtrière s'emparera t'elle du centre du pays ?  Une guerre civile généralisée embrasera t'elle l'ensemble du territoire, islamistes sunnites, nationalistes, chiites, kurdes, mafias locales, tribus se déchirant pour exercer le pouvoir sur l'un de ses lambeaux ?  Les Etats voisins investiront-ils alors de l'argent et des armes pour voir triompher leur client local, comme pendant la guerre civile  libanaise?  
Ils me semble plutôt que si le pays doit ressembler de quelque façon au Liban, c'est plutôt quant à l'organisation de sa vie  politique et confessionnelle. Je ne crois pas à une explosion de violence généralisée : l'homme de la rue, dans les pays arabes comme ailleurs, n'est pas habité des mêmes pulsions de mort que les dictateurs qui, souvent, lui dictent sa conduite. L' «Arabe moyen» aspire simplement à la paix, ainsi qu'à une honnête prospérité. En Irak, il ne soutiendra pas durablement les activistes les plus violents. Si les groupes les plus extrémistes doivent échouer dans leur conquête du pouvoir, le dernier mot restera  à des partis politiques plus modérés, que leurs assises soient confessionnelles, ethniques ou politiques. La grande question sera donc celle du partage du pouvoir politique et des revenus du pétrole.
La vie politique irakienne a toujours été violente. Dans les années cinquante et soixante chaque parti politique accumulait des armes en vue d'un affrontement avec ses rivaux. Le pays a connu des coups d'Etats et des règlements de comptes très brutaux bien avant l'arrivée au pouvoir de Saddam Hussein. Pendant la période ottomane de l'Irak, les gouverneurs turcs de Bagdad et Basra étaient souvent incapables d'assurer même la sécurité des plus grandes routes du pays. Les troupes britanniques connurent bien des difficultés pour pacifier le pays après 1918. Cette caractéristique ne changera pas de sitôt. Si le nouveau pouvoir irakien doit naître de la combinaison des intérêts de différents partis politiques, cette cohabitation ressemblera longtemps à la vie politique de l'Espagne républicaine, dans les années qui précédèrent la Guerre civile de 1936. Une certaine tutelle des États-Unis restera donc longtemps nécessaire.
Si donc le partage du pouvoir entre partis ethniques (kurdes, turkmènes), confessionnaux (chiites, sunnites) et politiques (néo-baathistes, communistes, nationalistes, socialistes, …) doit être la grande question, alors sa résolution devrait donner un résultat proche du modèle libanais. Soit une attribution des postes de la haute administration, des sièges de député et des hautes fonctions politiques électives à des candidats choisit selon des critères d'appartenance communautaire et ethnique.
Le système a bien fonctionné au Liban, il n'y a pas de raison pour qu'il ne donne pas de bons résultats en Irak aussi. Il permettra alors, grâce à l'argent du pétrole, au bon niveau d'éducation de la population et aux économies faites sur les dépenses militaires, le développement économique et humain du pays  

Michel Villan         2  janvier 2004


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