Les Américains sont-ils en train de gagner la guerre d'Irak?
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Les Américains sont-ils en train de gagner la guerre d'Irak?

On connaît les méthodes utilisées par la guérilla  irakienne: meurtres individuels de partisans réels ou supposés du gouvernement, fougasses (explosifs télécommandés) placés sur le bord des routes dans l'attente de véhicules gouvernementaux ou américains, véhicules chargés d'explosifs visant à tuer le maximum de civils suspectés de sympathies pro-gouvernementales, attaques surprises au mortier contre des bâtiments gouvernementaux ou des rassemblements de population. Techniquement parlant, rien que du déjà vu. Ce sont des techniques très efficaces tant que l'on ne recherche que l'affaiblissement momentané de l'ennemi. De même si le but recherché est la génération du chaos le plus sanglant possible. Mais elles ne sont pas suffisantes si l'on cherche à s'emparer du pouvoir d'Etat.
Or une chose m'a frappé il  y de cela quelques jours: la rébellion irakienne ne semble pas capable de faire évoluer ses techniques de combat. Elle semble incapable, face à un adversaire au moral ébranlé, de passer à la vitesse supérieure: sortir de ses cachettes pour attaquer au grand jour des cibles gouvernementales, s'en emparer…et les conserver. Acquérant ainsi une stature politique, stature indispensable pour une issue victorieuse de la guerre. C'est-à-dire passer du stade primitif du terrorisme à celui de la guerre civile.
Cela, donc, il semble que la guérilla anti-gouvernementale en soit incapable. Or, si elle stagne au niveau du terrorisme, même si elle pousse les feux des meurtres de civils qui impressionnent tant les témoins, elle perdra inévitablement la guerre. Car une guerre est une course de fond: elle use ceux qui participent. La première guerre mondiale en fut l'exemple le plus spectaculaire, de même que la guerre franco-prussienne de 1870, les guerres napoléoniennes, la deuxième guerre punique, ou même, sur le plan des matériels coûteux, la guerre israélo-arabe  de 1973. Tous ces exemples nous apprennent que des guerres menées à fond érodent inexorablement la capacité de travail, de souffrance et de résistance nerveuse des populations civiles. Il arrive toujours un moment où les civils, épuisés, endeuillés, appauvris, demandent grâce aux seigneurs de la guerre. Si ces derniers refusent d'entendre les voix qui implorent la paix, ils courent le risque de se voir priver des ressources permettant de poursuivre les hostilités. Insoumission, rétention, jachères, désertion, mutineries, révoltes, révolutions hâtent alors la fin de la guerre. Napoléon en 1814, Ludendorff en 1918 durent s'incliner faut de ressources, abandonnés par des populations épuisées.
C'est ce qui sauva le régime algérien pendant sa longue guerre contre les terroristes et maquisards islamistes pendant les années 90: le gouvernement se contenta de protéger ses fonctionnaires et militaires indispensables, les installations pétrolières qui lui permettaient de survivre économiquement, et abandonna au chaos et à l'insécurité le reste du pays, devenu zone de guerre. Qu'importent les massacres de civils, les embuscades, les assassinats ciblés tant que le pétrole coulait et que les militaires étaient payés. La guérilla islamiste finit par épuiser le peuple sans obtenir de résultats. Elle cessa donc.
Le scénario algérien est très probablement celui qui se produira en Irak. Donc, les Américains vont gagner cette guerre.


Michel X. Villan, le 17 septembre 2006, pour www.islam-bibliographie.info